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Les valeurs du XXIe siècle en question

   Dans Tout va pour le mieux, Alain Monnier dénonce un certain nombre de dérives de la vie moderne au XXIe siècle. Il met ainsi en avant la perte d'un bon sens et d'une décence dans les rapports entre les individus et dénonce les abus du système libéral lorsque sa logique est poussée à l'extrême. 

L'esclavage moderne

    Alain Monnier dénonce sans aucun doute l'esclavage moderne, notamment dans les chapitres 12 (« Comment Benjamin découvre la précision de la loi Islamique ») et 13 (« Comment Benjamin et Yaya réussissent à s'enfuir »). Le chapitre 12 décrit la scène témoin des services de Yaya : elle rend visite à Benjamin dans une chambre d'hôtel pour le masser, lui apporter des fruits et alcools. Le chapitre 13, lui, commence avec une explication de la part de Yaya, à la fois touchante et révoltante : « Je suis une esclave, dit-elle de sa petite voix en le regardant dans les yeux. (…) L'esclavage a sans doute été aboli, mais il y a toujours des esclaves... Des gens comme moi qui n'ont plus de passeport, qui n'ont pas d'argent à eux, ni de pays et qui dépendent d'un maître qui exige... Des gens que rien ni personne ne protège, ni les policiers ni les juges... Moi, j'ai vu la souffrance de mes parents et je veux fuir cette vie de misère et de honte. » (l.9 à 10 et 14 à 20, p.88). Ce passage vise à provoquer la pitié chez le lecteur, on y retrouve un registre pathétique : petite voix, souffrance, misère, honte... Ainsi qu'une situation délicate et difficile à vivre : plus de passeport, pas d'argent, pas de pays, dépendent d'un maître, que rien ni personne ne protège... Yaya est victimisée, d'autant plus qu'elle est une jeune femme de seulement quinze ans, ce qui rend l'histoire encore plus délicate et triste. Ce passage reflète une dure réalité, dont les lecteurs doivent se rendre compte. Alors que dans Candide, on parlera du fameux nègre de Surinam, dans Tout va pour le mieux, il est question de Yaya : ce sont deux formes d'esclavages retranscrites d'une époque à l'autre, mais toujours présentes. Ainsi, en lisant Candide, certains pourraient penser que ces conditions de vie et l'esclavage n'est plus présent, que ce n'est plus un problème d'actualité. Mais en lisant ce passage de l’œuvre d'Alain Monnier, nous nous rappellerons que l'esclavage est toujours présent au XXIème siècle.

La tyrannie de la tolérance

  
Les manifestations « tolérantes »

   Dans le chapitre 18 (« Du traitement des propos politiquement incorrects »), Benjamin va déclencher une manifestation. Il est invité sur un plateau télé pour participer une émission qui lui permettrait de retrouver Astrid. Durant son interview, il dira quelques maladresses qui lui causeront un passage au tribunal :
 

"Astrid est une jeune femme très belle, dynamique, équilibrée... comme on l'a vu sur ces images. Mais pourriez-vous nous dire si elle a des singularités, des préférences sexuelles... qui pourraient orienter nos spectateurs ou alerter certaines cercles...
-Que voulez-vous dire ? demande Benjamin un peu gêné.
-Est-ce qu'elle serait par exemple homosexuelle ?
-Non, non, pas du tout... elle est tout à fait normale.
-Ou bien est-ce qu'elle aurait un handicap psychologique ou moteur ?
-Non, elle est, je vous dis, comme tout le monde...
-Végétarienne ou macrobio ?
-Elle mange de la viande... Elle n'a pas de problème de ce côté-là.
-Une appartenance religieuse ? Elle ne s'est pas convertie au bouddhisme ? Elle n'a pas d'amis dans la scientologie ?
-Non, dit Benjamin en éclatant de rire. Tout ça me semble franchement idiot !"
(Tout va pour le mieux, p.124)



  Puis, juste après cet interview, des appels retentissent dans le standard de l'émission, venant de personnes scandalisées. « Des associations de défense, des comités de soutien, des clubs de réflexion... » Et avec une touche d'humour et d'exagération, Alain Monnier nomme les noms des groupes militants contre les propos de Benjamin :


  "Il y a le Front des homosexuelles végétariennes, l'Entente transsexuelle de Picardie, l'Union anti-boucherie de France, la Fédération bouddhiste du Var, le Club de prospective biosexuelle, le Mouvement de libération des femmes, l'association Abattons les abattoirs, le club de la Normalité anormale, et des dizaines d'autres outrés, révulsés, ulcérés par les réponses scandaleuses de Benjamin."

(ibid., p.126)


   Il y a une nette caricature des manifestations mais qui, tout de même, a une part de vérité quant aux fausses raisons qui poussent certains à manifester. Benjamin a fait quelques maladresses et la phrase très exagérée à la fin de l'énumération des groupes vise à montrer clairement l'abus des groupes militants : « et des dizaines d'autres outrés, révulsés, ulcérés par les réponses scandaleuses de Benjamin » : les réponses de Benjamin n'étaient pas si scandaleuses et des dizaines de groupes pour de simples maladresses, c'est beaucoup pour peu de choses, finalement.

L'instrumentalisation de la tolérance pour l'argent

   Dans le chapitre 6, un certain Raoul Lemoine attend de M.Li qu'il instaure la norme handicap. « Le handicap est une cause nationale, se plaît-il à dire. Les handicapés doivent faire les mêmes choses que les non-handicapés, dussions-nous tous vivre comme des handicapés. » Ici, la contradiction entre le début et la fin de la phrase montre la confusion du raisonnement de Lemoine, qui veut avant tout permettre le déroulement d'un business autour des ascenseurs : « Aussi quand le bêlement médiatique manipulé par le lobbying du Handicap et celui de la Fédération nationale des ascensoristes relaie l'idée de l'égalité totale des handicapés, il jubile, vitupère, applique, défend, en rajoute avec zèle. »

  Dans le chapitre 7, Monnier aborde la question de l'obésité et de ses injustices : « Une femme obèse s'approche pour lui demander s'il est normal qu'on lui impose d'acheter deux billets sous prétexte qu'elle occupe deux fauteuils (…) et l'avocat de hurler aussitôt à la discrimination outrageante, scandaleuse, condamnable, évidemment condamnable. »

Le système pénal

  Dans le chapitre 19, Alain Monnier dénonce le système pénal. Il va, au travers d'un personnage secondaire, évoquer les abus de la part des personnes qui se disent victimisées de racisme pour peu. En effet dans ce chapitre, en arrivant au tribunal, Benjamin rencontre Martin, un professeur de philosophie menotté attendant son jugement. Martin va raconter comment il a été amené à mettre un 4/20 à un élève pour un devoir de philosophie à un élève algérien. Le Mouvement contre le racisme a porté plainte pour discrimination raciale et la condition de vie de la mère et son fils étant délicate, un avocat de gauche a pris l'affaire en main. Dans ce passage, l'auteur insiste sur la justesse de sa note : « Ce devoir, outre son absence totale de construction, de plan et d'analyse, ne citait que Michael Jackson, Lady Gaga et un certain Plancton. Ici Alain Monnier dénonce en se moquant, les affaires et les peines d'amende ou de prison, dues à de faibles causes, comme pour les manifestations.
  Ensuite, Benjamin, pour ses propos maladroits, est condamné à verser 1000€ à chaque plaignant (86000€ en tout) et à un an de prison avec sursis. Ce qui est assurément une caricature des peines imposées aux condamnés. Et pour en rajouter une couche, Alain Monnier ajoute ensuite : « Les parties civiles hurlent, elles trouvent que 1000€ sont largement insuffisants pour leur dédommagement et que des mois fermes auraient été symboliquement plus indiqués. »

La religion et ses dérives

   Dans Tout va pour le mieux, Alain Monnier aborde également la question de la politique à travers des conséquences des lois islamiques et en remettant en question la réelle raison qui pousse les gens à être croyants.

Les conséquences des lois islamiques

   C'est le titre du chapitre 12, dans lequel Alain Monnier parle des lois islamiques. Dans ce chapitre, Benjamin, dans un hôtel en Arabie-Saoudite, se voit offrir dans sa chambre un massage (nu) et des alcools. Des policiers débarquent dans la chambre et l'embarquent pour viol de loi islamique. Benjamin se retrouve condamné à 102 coups de fouet, et à 112 ans de prison. Ici, nous pouvons remarquer qu'Alain Monnier exagère sur la précision et la dureté des punition pour un si petit incident. L'auteur reprocherait donc aux lois islamiques d'être trop dures et de manquer de libertés.

La religion : une simple source d'espoir ?

   Dans le chapitre 30, Benjamin réunit ses amis pour leur proposer de reconstruire la petite église en ruine dans le village où ils ont tous emménagés. La reconstruction de l'église et la pratique de la religion leur permettraient, à eux qui s'ennuient dans leur hameau, de reprendre une activité, un espoir, une raison de vivre.  

 
    A travers les aventures de Benjamin, le Candide du XXIe siècle, Monnier aborde les questionnements qui découlent de la mordenité. Pour cela, il traite de l'esclavage moderne dans les pays en développement, la mauvaise utilisation de la tolérance et des associations de défense à tout va, le remplacement du bon sens par l'omniprésence du droit et des procédures complexes dans les rapports humains et de la réelle utilisation de la religion dans la société. 
Louissa F.
 



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